
Storytelling et Design Fiction au service de la mutation des entreprises
Sommaire
Qu'est-ce que le design fiction ?
Le design fiction vient du mariage de la science-fiction et du design. C’est une discipline qui consiste à imaginer des futurs possibles, et à explorer ses implications. Le design fiction n’a pas tant pour but de proposer des solutions que de poser des questions, et pousser à la réflexion. Il peut prendre des formes variées : objets, exposition, et… histoires comme le storytelling.
Qu'est-ce que le Storytelling ?
Le storytelling est une approche à multiples facettes qui combine la créativité, la communication et l’engagement émotionnel. Elle transmet des informations ou des messages par le biais de récits. C’est à la fois un art et une technique qui fait appel à l’imagination, l’émotion et l’empathie pour capter l’attention du public et marquer les esprits.

Pourquoi la combinaison des deux peut servir l'entreprise de demain ?
De nombreuses entreprises envisagent à plus ou moins long terme une mutation de leur organisation, s’adaptent au contexte environnemental mouvant ou revoient leur stratégie au prisme des limites planétaires. Ces deux approches, le design fiction et le storytelling, lorsqu’elles sont utilisées ensemble, permettent d’aborder de manière innovante et participative les problématiques complexes auxquelles les entreprises doivent faire face, comme la transition écologique, les enjeux climatiques, ou encore la raréfaction des ressources. En combinant le pouvoir du design fiction pour visualiser des futurs souhaitables et celui du storytelling pour en faire des récits inspirants et mobilisateurs, les entreprises peuvent non seulement anticiper les transformations à venir, mais aussi embarquer leurs collaborateurs dans une démarche collective d’adaptation et d’innovation. Cette approche ouvre un espace de réflexion et d’action pour redéfinir les modèles économiques, repenser l’usage des ressources et s’aligner sur des trajectoires compatibles avec les limites planétaires.
Et votre expérience là-dessus ?
On ne l’a pas fait à l’échelle de l’entreprise mais on s’est prêté au jeu en petit comité pour prouver l’apport de ce genre de méthodes. Dans le cadre de la Naomis Design Week 2024, on avait deux sessions dissociées sur le design fiction / design prospectif et une autre sur le Storytelling. La dernière session de la semaine était consacrée au storytelling, assez rapidement on s’est dit qu’il fallait qu’on passe à l’action et qu’on raconte une histoire. Quelque chose qui nous ressemble, et qui parle aux gens qui nous écoutent (les collaborateurs Naomis et Keran). Après quelques idées de sujets plus ou moins convaincants et farfelus, on a décidé de parler d’une jeune collaboratrice qui fait ses premiers pas chez Keran en 2044.
Sans révéler de secrets industriels, Keran, comme toutes les entreprises s’interroge sur son futur, sur sa transformation, sur son implication pour l’avenir de la planète.
C’est donc là-dessus qu’a porté notre sujet, on y parle de Nantes, de Keran, des collaborateurs, des projets, des méthodes et d’éthique ! Cela fait beaucoup de sujets mais on a choisi d’axer principalement sur la thématique éthique et vivant. Ce qui est passionnant, c’est que d’autres collaborateurs, à partir du même pitch « une nouvelle collaboratrice intègre Keran en 2044 et vit ses premiers mois », auraient probablement pris un tout autre chemin.
Et c’est la force du storytelling, il y a beaucoup de directions possibles, aucune n’est meilleure ou bonne ou mauvaise, et on est obligé d’y mettre un peu de nous pour le construire, donc on y croit, et ça contribue beaucoup à rendre l’histoire crédible aux yeux (et aux oreilles) des auditeurs.

Savoir pourquoi on le fait
Le storytelling doit avoir un but bien défini, on ne le fait pas pour faire de la com sur les réseaux sociaux, ni pour offrir une bouffée d’air frais aux collaborateurs (même si c’est souvent un avantage collatéral bien réel). Il me semble qu’il y a deux principales raisons de le faire : L’engagement collectif et la création du débat.
Un levier pour l’engagement collectif
L’idée d’associer le storytelling et le design fiction permet d’une part de projeter l’entreprise dans des futurs possibles, mais surtout de rendre ces scénarios tangibles, accessibles et engageant pour l’ensemble des collaborateurs. Raconter une histoire, se mettre dans la peau d’un futur collaborateur, nous imaginer nous–même dans 20 ans, permet de donner du sens aux changements qu’on envisage, même si ces changements peuvent être liés à des concepts abstraits. Pour que les collaborateurs s’impliquent ils ont bien souvent besoin de se projeter et de construire un projet qui leur ressemble, dans lequel ils se retrouvent et donc qu’ils défendront d’autant plus ardemment qu’ils auront participé à l’élaborer.
Ouvrir les débats et nourrir la créativité collective
L’apport du design fiction n’est pas de définir un futur possible, mais vraiment d’ouvrir un débat, des espaces de dialogue et d’innovation. En se plongeant dans ces méthodes, on invite les collaborateurs à réfléchir collectivement, à s’emparer du sujet, questionner, critiquer, débattre et on crée ainsi, non pas un consensus, mais un débat participatif d’une richesse folle.
Comment on fait et avec qui ?
On s’appuie sur des volontaires en premier lieu ! C‘est un exercice qui demande de l’investissement, un certain lâcher prise et donc une vraie envie de s’y investir, d’autant plus dans un contexte de travail. On peut tout à fait avoir un esprit très créatif mais ne pas du tout avoir envie de dévoiler cette facette au travail, et garder ça pour soi, ou dans son carnet de dessin. On respecte donc le choix de chacun, mais on aide bien sûr ceux qui hésitent, qui sont un peu plus timides à se sentir à l’aise pour se lancer.
Tous sur un pied d’égalité ! Pas de hiérarchie et pas de sachants
Ne pas présager des apports ou des envies des uns ou des autres. Il n’y a aucune raison que Léo, le graphiste de la comm’, soit plus créatif sur cet exercice que Jean-Charles de la compta. Ce sont leurs métiers qui sont plus ou moins créatifs, mais ils ne sont pas leur métier, ils sont bien plus que ça, et attention, vous risquez de redécouvrir vos collègues.
On se fait accompagner !
Monter un storytelling ou des ateliers de design fiction nécessite de la méthode, on n’hésite pas à faire appel à des ressources extérieures (designer, facilitateurs, …) qui sauront nous guider !
On se lance et on essaye ! C’est toujours le premier pas le plus difficile, c’est comme un bain de mer en Bretagne « une fois dedans elle est bonne » !
On n’a pas peur de se tromper puisqu’il n’y a pas de bonnes réponses, au pire ça marche !
Alors foncez !
L'AUTEUR
